Ne pas mettre tous ses abricots dans le même panier …

Dans le verger de John, tous les fruits ne partent pas dans la même direction. La majorité est achetée par les grandes coopératives et part à l’export via avion ou bateau en Amérique ou en Australie(ce sont les plus beaux mais les plus verts); une petite partie est vendue dans les supermarchés; et les plus moches sont vendus sur le marché local ( quelle ironie!). J’avais demandé à John de pouvoir l’accompagner une fois au marché de Dunedin histoire de vivre l’expérience d’un marché en Nouvelle-Zélande. Chose étonnante, c’est que les marchés ici ne sont pas encore bien rentrés dans les habitudes et les “vrais” marchés comme on les connais chez nous sont rares ! Ceux que l’on trouve sont en général modestes et il s’agit plutôt de particuliers qui vendent des petites choses qu’ils font en plus de leur boulot (plantes en pot, petites quiches, deux ou trois légumes, napperons).

Mais le meilleur marché de producteurs du sud de l’île est celui de Dunedin. Il comporte environ une petite trentaine de stands avec tout l’éventail de produits (il y a même des poissonniers, c’est rare car ce n’est pas un peuple de pécheurs outre la pêche industrielle et malgré le nombre de Km de côtes qu’ils possèdent ).

Nous voilà donc levés à 3h30 hier matin pour 2h de route jusqu’à Dunedin. Avec Louise notre charmante colocataire française, nous avions chargés 180kg de cerises dans notre bon vieux van et nous avons suivi John dans son petit camion qui se chargeait, lui, de transporter les abricots.

Une fois arrivés sur la place de la gare où se déroule le marché, on monte le stand et on prépare les barquettes de fruits. Ici, les gens vendent très peu au détail et il est rare que les clients choisissent leurs fruits. On pèse donc les abricots sur place et on les mets dans des barquettes sur le devant du stand (en passant, ça nous permet aussi d’en mettre des moins beaux au fond et ainsi d’avoir moins de perte !).

Seules les cerises second choix sont laissées dans des cagettes et les gens les choisissent eux même. Elles ont d’ailleurs fait un malheur et les gens se sont jetés dessus comme des abeilles sur un pot de miel ! Enfin, très tôt vers 6h30, ce sont surtout les chinois qui se chargent de rafler les meilleures en les auscultant une par une! Les gens aiment bien aussi les barquettes mixtes avec pêches/nectarines/abricots/cerises joliment présentées…

Le flot de gens a été continu tout au long de la matinée, pas moyen de souffler une seconde : encaisser, rendre la monnaie, remettre des stocks sur table, ranger les cagettes qui se vident, discuter avec les clients etc .

D’ailleurs, John est un malin car il sait que mettre des gens de plusieurs nationalités sur son stand fidélise la clientèle: notre collègue Abdul du Bengladesh s’occupe des indiens et des chinois, nous on s’occupe des étudiants étrangers et des vieilles dames et John s’arrangent avec les clients réguliers, les vieux de la vieille.

Une fois fini, on démonte le stand, on se paie une bonne crêpe sur les stand des crêpiers français et on dit au revoir à notre stand voisin “ Limousin real beef ”.

On est aussi passés en vitesse avec John charger de cagettes vides à récupérer au supermarché du coin, petite visite des entrepôts du supermarché entretemps, on voit le derrière des choses.

Petite idée du prix des fruits sur le stand à comparer avec ceux pratiqués en France:

Les cerises sont vendues 12 $/kg soit 6 euros

Les abricots sont à 4 $/kg soit 2 euros

Les nectarines s’arrachent comme des petits pains à 4,50 $/kg soit 2,50 euros…ça laisse rêveur.